lundi 19 octobre 2009

Un cercueil de diamants

( read in english)
En 1966 je tourne mon premier film en langue allemande.Die rechnung eskalt serviert
( litteralement : L'addition servie glacée, que je préfère au titre français) est une coproduction franco-germanique avec les films Jacques Letienne et Constantin film.

Une nouvelle aventure de Jerry Cotton inspirée des romans de gare à succes mettant en scène l'agent du FBI. Des intrigues d'espionnage et des luttes de gangs très en vogue à l'époque.


résumé
Deux gangs s'affrontent pour s'emparer du fourgon blindé de la Trésorerie de New-York. Jerry Cotton ( George Nader) enquête sur la mort de Wheeler, petit ami de Violet ( Yvonne Monlaur). Un chimiste traqué par le chef de gang Anderson ( Horst Tappert) pour trahison. Anderson sème ses rivaux et vole le fourgon.Aidé par Violet, Cotton remonte jusqu'à lui. Il parvient à fuir avec elle l'entrepôt où Anderson les tenait prisonniers.Cotton s'agrippe à l'hélicoptère qui emmene Anderson et le butin.Au terme d'une lutte en plein vol, Cotton neutralise Anderson et son homme de main. Il remet l'appareil et l'argent aux forces de l'ordre.


Le rôle de Violet me plaisait. Il me permettait d'exprimer mon goût pour la musique. Je jouais une chanteuse de cabaret. J'étais doublée en allemand pour les dialogues mais c'est moi qui chantait en anglais dans le film.





UN CERCUEIL DE DIAMANTS est le quatrième film de Jerry Cotton interprété par George Nader, un acteur américain d'origine libanaise (1) tres professionnel,un homme intelligent qui valait sans doute mieux que la pluspart des rôles qui ont constitué sa carrière. J'appris par la suite qu'il devint romancier et connut le succes. Ce qui ne m'étonne pas.



Sur le tournage, Nader n'était pas quelqu'un de très expansif. Dès la prise terminée, il retournait dans sa caravane. Il ne s'attardait pas sur le plateau.Je me souviens toutefois d'une fin de semaine où son compagnon la star Rock Hudson vint le rejoindre à Hambourg pour le weekend.

Ils m'invitèrent à diner avec eux. George sortit de sa réserve. Hudson évoqua sa prestigieuse carrière avec beaucoup de modestie. C' était un homme chaleureux et tres simple. Nous passâmes une excellente soirée.

Je partageais l'affiche du film avec toute une génération d'acteurs allemands talentueux parmi lesquels Horst Tappert immortalisé par son interpretation de l'impassible inspecteur Derrick à la télévision, Heinz Weiss, Christian Doermer et la pulpeuse Birke Bruck, à la ville, une véritable " mamma" bien ancrée dans la réalité, qui dès que le moteur de la caméra tournait, se transformait en une créature superficielle et évaporée avec une facilité étonnante.Elle me faisait penser à Jane Mansfield (que j'avais rencontré aux Bray Studios, en visite sur les plateaux de BRIDES OF DRACULA avec son mari Mickey Hargitay).


UN CERCUEIL DE DIAMANTS fut tourné à Hambourg. Une très belle ville portuaire dont on ne voyait durant le tournage que les les aspects les plus contemporains: zones industrielles, bâtiments administratifs, grandes artères routières.Les aventures de Jerry Cotton ayant pour toile de fond New-York, il fallait toute l'habileté du metteur en scène Helmuth Ashley (2) pour faire croire à l'univers de cette ville américaine, emblême entre toutes du film noir .


A travers les cadres aux perspectives appuyées et le montage serré, Ashley su restituer l'énergie propre au genre. A l'époque on avait recours fréquemment à l'utilisation des stocks-shots ( differentes prises de vues de New-York inserées ) pour donner du crédit à l'ensemble.Au résultat, lorsque je revois le film maintenant, le New-York de Jerry Cotton ressemble plus à un New-York fantasmé par l' Europe nourrie des nombreux films policiers américains qui déferlaient sur les écrans.


UN CERCUEIL DE DIAMANTS fut un tournage assez sportif et pas seulement pour George Nader. Nous répétions beaucoup et ne faisions que quelques prises.Ashley nous laissait un peu de liberté dans l'interprétation.

A cet égard il me faisait penser à Terry Fisher dans sa direction. Il était calme mais pointilleux.Dans une grande partie du film, je passais mon temps à courir avec Nader, monter et descendre des escaliers, esquiver des impacts de balles.


Au cours de toutes ces scènes, il y avait un troisième acteur auquel il fallait prêter une grande attention: l'artificier !

Nous avions des indications précises pour venir nous placer à des endroits sécurisés du plateau au moment des déflagrations. Peine perdue !

Dans une scène qui n'a pas été gardé au montage, une erreur de timing de l'artificier me valut un accident au cours duquel je crus perdre l'ouie.

J'étais derrière une porte, je portais un imperméable, j'avais les cheveux tirés en arrière. L'explosion se produisit alors que je n'avais pas encore atteint le muret pour me protéger comme prévu.Le choc me fit perdre connaissance.
J'avais reçu des éclats de poudre dans la joue. J'étais d'autant plus inquiète que j'attendais à l'époque mon premier enfant.
Le feu et moi n'avons décidemment jamais fait bon ménage! (3)


Je fus arrêtée une semaine le temps que les plaies se cicatrisent. Je consacrais mes jours de convalescence à la visite de Hamburg, le port, la Kunstalle, le quartier Pauli et la Reeperbahn.



UN CERCUEIL DE DIAMANTS est sorti à Paris dans le circuit des Grands Boulevards.Je me souviens être allée voir le film avec une amie. J'avais mis un joli foulard et des lunettes noires pour éviter que l'on me reconnaisse.

Dans l'obscurité de la salle, je goûtais les réactions du public. Un public acquis au genre et enthousiaste.
( à suivre: L'emprise du dragon rouge )



1- Il est connu des cinéphiles du cinéma bis pour avoir débuté dans le film en relief de série Z : Robot Monster.
2- Helmuth Ashley a réalisé de nombreux épisodes de la série télévisée populaire Derrick avec Horst Tappert.
3- Lire Les débuts de ma carrière anglo-saxonne.



3 commentaires:

MEDUSA FANZINE a dit…

Passionnant de bout en bout ! Vite la suite...

bbjane a dit…

Délicieuse évocation d'un film que je n'ai jamais vu, hélas... Mais je ne suis pas à un acharnement près, et j'espère bien découvrir cette bande un jour -- pour apprécier votre prestation vocale, tout d'abord ! et puis pour retrouver George Nader, de qui votre évocation est précieuse... Merci...

CAMIF a dit…

Vivement la suite. J'avoue que je viens juste de revoir"l'empreinte du dragon rouge " où vous êtes absolument sublime.
Bien à vous.

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